Entre sidération et consternation

Décidément, depuis quelques jours, que l’on regarde à gauche ou à droite, on est au spectacle.  Quelle mouche a donc piqué Eric Ciotti pour proposer tout à trac une alliance électorale avec le Rassemblement national ? Il ne peut y avoir que deux explications : ou bien, en proie à une bouffée délirante, il s’est convaincu d’être le parti Les Républicains à lui tout seul, ou bien il a raison, son analyse est correcte, la majorité des électeurs de la droite classique seraient d’accord pour voter avec le RN le moment venu. La réponse sera bien sûr dans les urnes, mais les premiers sondages, qui ne valent pas toutefois oracle, pourraient lui donner raison jusqu’à un certain point. Au-delà des circonstances vaudevillesques  de son éviction éphémère par le bureau politique de LR réuni hors les murs pour cause de bunkerisation du siège du parti, on ne peut manquer de relever le parallèle des démarches à droite et à gauche qui reviennent en fait à s’aligner sur le bloc radical.

À première vue, le programme sur lequel les différentes composantes du « Nouveau Front populaire » se sont mises d’accord au forceps en quatre jours de discussions houleuses, pourrait sembler être considéré comme prenant en compte certaines lignes rouges posées par, notamment, Raphaël Gluckmann. La défense « indéfectible de l’Ukraine », la condamnation, claire cette fois, des massacres perpétrés par le Hamas le 7 octobre 2023, figurent bien en toutes lettres dans l’accord. Continuer la lecture

Que faire ?

Le résultat des élections législatives est bien évidemment un échec pour les formations soutenant le Président qui n’atteignent pas la majorité absolue; il n’en reste pas moins qu’Ensemble ne s’en tire pas trop mal avec 11 élus de plus que ce que les prévisions les plus hautes lui accordaient. Il en est de même pour Les Républicains qui, malgré l’humiliation de compter moins d’élus que l’extrême droite, sauvent plus ou moins les meubles. C’est en réalité un échec pour la NUPES qui, en dépit d’une remarquable percée, reste très loin de ce que les rodomontades de son inspirateur lui promettaient. La France reste couverte d’affichettes « Mélenchon Premier ministre » qui rappellent cruellement l’écart entre le rêve et la réalité. Le véritable succès est bien celui de l’extrême droite qui, avec 89 députés obtient de très loin son meilleur résultat dans l’histoire de la Vème République.
Que faire d’une telle assemblée ? Continuer la lecture

Fin de partie

Quatre années d’une présidence trumpiste absurde s’achèvent sur une défaite totale. Un parti républicain dévoyé a perdu non seulement la présidence, mais encore le contrôle du Congrès, donnant ainsi au nouveau président démocrate une certaine latitude pour mettre en œuvre son programme. Ce retour à un fonctionnement démocratique des institutions malmenées par Donald Trump ne doit pas toutefois s’analyser comme un simple retour à la normale, il s’accompagne en parallèle d’une nouvelle dynamique politique dont on a vu l’expression avec l’envahissement du Capitole par des manifestants ouvertement encouragés par un président largement battu refusant le verdict des urnes. La présidence Trump n’a pas créé ces forces obscures que l’on a vu prendre d’assaut le Capitole, mais en cautionnant de manière répétée les actions même des plus extrémistes, il leur a fourni une légitimation qui les autorise, pensent-ils, à revendiquer une place incontournable et pérenne dans la vie politique américaine. Son successeur est probablement le mieux placé aujourd’hui pour conduire une présidence réparatrice, mais le chaos dont il hérite ne lui facilitera pas la tâche.
Pour les Européens, et les Français en particulier, il serait malvenu, et dangereux, de se laisser aller à une maligne Shadenfreude Continuer la lecture

Une page se tourne ?

L’élection de Joe Biden à la présidence des États-Unis marque d’abord un retour à la normale. Dans le style tout d’abord, on est loin des flamboyances erratiques de Donald Trump, mais aussi par un certain nombre de gestes par lesquels le président élu a voulu se démarquer de son prédécesseur. En s’abstenant soigneusement dans ses trois interventions post électorales de revendiquer la victoire, tout en laissant entendre qu’elle était inéluctable, et en réitérant les appels à la patience envers ses électeurs et à l’unité envers l’ensemble du peuple américain, Joe Biden a en quelque sorte voulu donner le ton de la future présidence. Continuer la lecture

Lamentable, forcément lamentable

Il fallait un certain courage pour se lever, à Paris, à trois heures du matin pour regarder le premier débat présidentiel de la campagne américaine. D’autant qu’il ne fallait pas s’attendre à autre chose que cela a été : une empoignade qui a rabaissé cet exercice au niveau zéro de la politique. Il fallait être bien naïf, d’autre part, pour espérer un vrai débat sur le fond, un échange courtois sur des programmes, en bref un moment de démocratie ou deux candidats à la magistrature suprême exposent au peuple américain la manière dont ils entendent mener le pays dans les quatre années à venir. Continuer la lecture

Jeu de dupes

Jeu de dupes
Depuis le début du mouvement des « gilets jaunes », étonnamment, le monde culturel et artistique, d’habitude prompt à s’enflammer pour de grandes causes, s’était tenu à l’écart, si l’on excepte toutefois quelques individus de second rang ou sortis de la naphtaline. C’est apparemment chose faite puisque 1 400 personnes, présentées comme des personnalités du monde de la culture, ont pris récemment fait et cause pour le mouvement dans une tribune publiée dans Libération.
Le texte, dont l’orthographe dite « inclusive » ne facilite pas la lecture, se résume heureusement à une argumentation simple : Continuer la lecture

Amer 1er mai

Amer 1er mai
Philipe Martinez a beau fulminer contre le ministre de l’Intérieur qu’il accuse d’avoir saboté la manifestation traditionnelle du premier mai, la responsabilité de l’échec de cette journée n’en incombe pas moins en grande partie aux syndicats protestataires qui ont adopté une stratégie aberrante.
Pour la première fois de mémoire de syndicaliste, un premier mai se déroule avec, il faut bien le dire, une absence quasi totale des syndicats, Continuer la lecture

Marche républicaine des libertés

Devant le déchaînement de haine et de violences de la part d’une minorité qui affiche ouvertement sa volonté de bloquer le pays, il n’est plus possible de se taire ni de rester passif. Les attaques physiques contre les élus, les journalistes, les bâtiments publics, tout comme contre des lieux symboliques de l’Etat et de la République, se sont multipliées de manière récurrente au cours des dernières semaines.  Ces attaques n’ont pas été unanimement condamnées comme elles auraient dû l’être, certains espérant sans doute tirer un parti trouble d’un éventuel chaos.

Le dimanche 27 janvier, il ne s’agit pas de marcher contre qui que ce soit ni contre quoi que ce soit, mais d’abord de marcher pour manifester notre attachement à la République, aux institutions, aux valeurs qui fondent notre démocratie et qui permettent à tous de vivre un destin commun dans le respect de nos différences.

Nous avons la chance de vivre dans un pays qui compte au nombre, malheureusement restreint, des véritables démocraties dans le monde. Faisons en sorte que cela demeure. Tous ceux de quelque bord qu’ils viennent, qui adhèrent à ces principes et qui rejettent la violence, sont invités à participer à la marche qui partira dimanche 27 janvier de la place de la République à 14 h00 en direction de la Bastille.

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« Gilets jaunes »

Comme il fallait s’y attendre, la montée à Paris des « gilets jaunes » s’est traduite rapidement par des violences sur les biens et les personnes. Il fallait être ou bien d’une grande naïveté, ou d’une très grande mauvaise foi, pour essayer de faire croire que tenter d’occuper sans déclaration un espace public parisien expressément interdit par les autorités, se ferait sans débordements et sans casse. L’absence d’organisation, de dialogue avec les autorités faute d’encadrement, la volonté confuse, mais affichée, de «marcher sur l’Élysée», rassemblaient tous les ingrédients pour une journée d’affrontements violents. Continuer la lecture

Retour aux sources

En traversant la cour d’honneur de l’Élysée d’un pas de légionnaire, Emmanuel Macron a symboliquement posé les marqueurs de sa présidence qui commence : distance et maîtrise. Le – très court, en fait – suspense sur la nomination de son premier ministre, auquel les médias n’étaient pas habitués, a confirmé ce choix. Le nouveau président devrait exercer sa fonction avec hauteur et dispenser une parole rare.
Le nouveau président a expressément annoncé son intention de revenir à ce qui lui paraît être l’esprit de la Vème République et de restaurer le fonctionnement de ses institutions. En cela, il se démarque de ses deux prédécesseurs qui, par excès d’agitation ou de normalité, n’avaient pas exercé leurs fonctions au niveau attendu, ainsi que de pratiques qui se sont peu à peu imposées au cours des dernières décennies durant desquelles l’immédiateté médiatique a trop souvent dicté les priorités et la forme de la réponse qui leur était apportée. Continuer la lecture