« Gilets jaunes »

Comme il fallait s’y attendre, la montée à Paris des « gilets jaunes » s’est traduite rapidement par des violences sur les biens et les personnes. Il fallait être ou bien d’une grande naïveté, ou d’une très grande mauvaise foi, pour essayer de faire croire que tenter d’occuper sans déclaration un espace public parisien expressément interdit par les autorités, se ferait sans débordements et sans casse. L’absence d’organisation, de dialogue avec les autorités faute d’encadrement, la volonté confuse, mais affichée, de «marcher sur l’Élysée», rassemblaient tous les ingrédients pour une journée d’affrontements violents. Continuer la lecture

Retour aux sources

En traversant la cour d’honneur de l’Élysée d’un pas de légionnaire, Emmanuel Macron a symboliquement posé les marqueurs de sa présidence qui commence : distance et maîtrise. Le – très court, en fait – suspense sur la nomination de son premier ministre, auquel les médias n’étaient pas habitués, a confirmé ce choix. Le nouveau président devrait exercer sa fonction avec hauteur et dispenser une parole rare.
Le nouveau président a expressément annoncé son intention de revenir à ce qui lui paraît être l’esprit de la Vème République et de restaurer le fonctionnement de ses institutions. En cela, il se démarque de ses deux prédécesseurs qui, par excès d’agitation ou de normalité, n’avaient pas exercé leurs fonctions au niveau attendu, ainsi que de pratiques qui se sont peu à peu imposées au cours des dernières décennies durant desquelles l’immédiateté médiatique a trop souvent dicté les priorités et la forme de la réponse qui leur était apportée. Continuer la lecture

Les leçons du 23 avril

     Il faut bien commencer par-là : la candidate du Front National est qualifiée pour le second tour de l’élection présidentielle. On peut se réjouir que son score ne soit pas aussi extraordinaire qu’attendu au vu de certains sondages, on peut être soulagé de ce que le candidat arrivé en tête ne soit pas un des nombreux autres vendeurs de lune qui étaient sur la ligne de départ. Il n’empêche, sa présence et son relatif succès est le signe d’un échec grave.
L’ensemble de la classe politique française porte sans doute une responsabilité dans cette situation. Mais celle de la gauche est particulièrement lourde. La candidature destructrice du chef de la « France insoumise » en premier lieu n’y est pas pour rien. En faisant le choix d’une démarche solitaire, en désignant la social-démocratie réformiste comme l’ennemi prioritaire, il a condamné d’avance toute tentative de rassemblement des forces de gauche autour du parti socialiste. Mélenchon passera peut-être dans l’Histoire comme celui qui a fini par faire éclater le parti socialiste, mais il ne devrait pas en tirer gloire, car, pour ceux qui ont un minimum de culture historique, cela rappelle un peu trop les stratégies suicidaires des partis communistes de l’entre deux guerre qui ont préféré fermer les yeux sur la montée au pouvoir des partis totalitaires si cela pouvait anéantir les « sociaux-traîtres ». A cet égard, son refus d’appeler clairement à voter pour l’adversaire de Marine le Pen au second tour est significatif et cohérent avec sa stratégie d’avant le premier tour. Elle n’en manque pas moins de décence. Continuer la lecture

Les nouveaux somnambules I

Comme c’était à redouter, l’issue de la primaire de la gauche a consacré la victoire de la frange la plus immobiliste de la gauche française, celle des éternels vendeurs de rêves qui ont préféré le confort douillet des illusions, plutôt que de se colleter avec une réalité en général ingrate.

Manuel Valls a payé le prix de l’exercice du pouvoir et s’est retrouvé en bute au rejet indiscriminé de tous ceux ayant exercé des responsabilités et à un travail de sape systématique d’une partie de sa propre majorité dont le seul point commun vraiment fort était de l’éliminer.

Quoiqu’on puisse penser de la manière dont François Hollande a rempli, ou non, ses engagements de campagne, un sens minimum de la discipline collective aurait voulu que les ministres  qui se trouvaient en désaccord avec les orientations du chef du gouvernement, et certains députés, ne se livrent pas à une guérilla incessante qui a fortement contribué à ruiner dans l’opinion l’image, non seulement du gouvernement, ce qui était leur but, mais aussi de la majorité socialiste elle-même. Cette « fronde », dont les acteurs     auraient pu se souvenir que le terme renvoie à un mouvement fort réactionnaire de notre histoire, a trouvé son aboutissement dimanche en désignant le candidat qui n’a probablement aucune chance d’être élu à la présidence de la République.

Au-delà des causes de rejet qui pourraient tenir à la personne de l’ex premier ministre, (on lui a reproché d’avoir été trop « clivant », d’avoir trop souvent choisi de passer en force, mais avait-il le choix ?), la cause profonde de son éviction réside au cœur de la gauche française : la gauche française n’aime pas le pouvoir. Continuer la lecture

Préserver l’Europe

    Préserver l’Europe, contre tous ces bons esprits qui s’acharnent depuis quelques décennies, et plus encore récemment à ne trouver que des défauts, sinon des dangers, à cette construction si originale et tant porteuse d’espoir à son origine.
Ils n’ont pas de qualificatifs assez durs pour vilipender une Europe fantasmatique, accusée tantôt de technocratisme incontrôlé, tantôt de libéralisme débridé, tantôt d’ignorer les citoyens, tantôt de les poursuivre d’un zèle aussi abusif que tatillon. Raillée par les uns pour son impotence supposée, elle est dénoncée par les autres comme un dangereux autocrate sans visage. Certes, la critique a pu parfois être facilement justifiée lorsqu’elle s’est laissée aller à des surenchères régulatrices aussi inutiles que ridicules. Mais que pèsent les errements sur le camembert au lait cru ou sur la teneur en beurre de cacao, face aux immenses réalisations de cette entreprise unique en son genre ? Et pas seulement le tour de force d’avoir réussi à exister et à prospérer pendant 70 ans (l’Union soviétique n’en a pas fait autant), pas seulement d’avoir garanti la paix sur le continent pendant tout ce temps. Continuer la lecture

Dame d’airain

Dans le sillage de l’élection de François Hollande à la présidence de la République, certains avaient cru percevoir un frémissement en Europe en faveur d’une réorientation des politiques vers des mesures visant à favoriser la croissance et un allègement des mesures d’austérité imposées aux Etats et, par voie de conséquence, aux populations. D’ailleurs, la chancelière allemande, chantre de cette politique n’était-elle pas mise en difficulté dans son pays après son revers électoral en Rhénanie-Westphalie ? Il n’en fallait pas plus pour considérer comme allant de soi qu’affaiblie, elle allait mettre de l’eau dans son vin, et le président français présentait déjà comme un succès d’avoir pu prononcer le mot « croissance » lors de son premier sommet européen. Personne ne semblait accorder d’importance au fait que Angela Merkel n’ait, à aucun moment, dévié de sa ligne de fermeté que ce soit en public, dans les enceintes européennes, ou dans les entretiens bilatéraux avec ses homologues européens. Continuer la lecture

Le chaudron grec

Décidément, la Grèce n’en finit pas de hanter l’inconscient européen. Depuis presque quatre ans maintenant le pays est en crise. Ou, plus exactement cela fait quatre ans que cela est devenu évident. Crise économique et financière aggravée par une crise politique où se retrouvent tous les délices et poisons de la cuisine politicienne traditionnelle grecque.

Dans cette affaire, il semble que de tous côtés on soit dans le déni de la réalité.
Lorsque la directrice générale du FMI suscite l’indignation vertueuse de la gauche française et l’ire des Grecs en les exhortant à payer leurs impôts, elle ne fait, maladroitement ou de manière provocatrice, qu’énoncer une banalité bien connue à savoir que l’Etat grec, même si des progrès ont été enregistrés ces derniers mois, a toujours été chroniquement incapable depuis sa naissance de faire rentrer les recettes fiscales qui auraient permis de construire ce pays sur des bases solides. Continuer la lecture

Retrait d’Afghanistan

Retrait d’Afghanistan en 2012

Parmi les mesures annoncées par F. Hollande dans son programme électoral figurait le retrait des troupes françaises d’Afghanistan en 2012, deux ans avant celui des troupes américaines et un an plus tôt que ce qu’avait pour sa part annoncé N. Sarkozy. Cette décision a été confirmée auprès de ses alliés au sommet de l’Otan à Camp David le 18 mai. A l’issue de la réunion, le président affiche une satisfaction totale, affirmant que ses interlocuteurs en ont parfaitement compris les raisons et que personne n’en veut le moins du monde à la France.

Certes, dans ce genre d’enceinte l’on est entre gens courtois, mais il y a tout de même eu quelques voix pour rappeler qu’on y était allé ensemble et qu’il aurait été souhaitable qu’on en sortît ensemble. Continuer la lecture