Que faire ?

Le résultat des élections législatives est bien évidemment un échec pour les formations soutenant le Président qui n’atteignent pas la majorité absolue; il n’en reste pas moins qu’Ensemble ne s’en tire pas trop mal avec 11 élus de plus que ce que les prévisions les plus hautes lui accordaient. Il en est de même pour Les Républicains qui, malgré l’humiliation de compter moins d’élus que l’extrême droite, sauvent plus ou moins les meubles. C’est en réalité un échec pour la NUPES qui, en dépit d’une remarquable percée, reste très loin de ce que les rodomontades de son inspirateur lui promettaient. La France reste couverte d’affichettes “Mélenchon Premier ministre” qui rappellent cruellement l’écart entre le rêve et la réalité. Le véritable succès est bien celui de l’extrême droite qui, avec 89 députés obtient de très loin son meilleur résultat dans l’histoire de la Vème République.
Que faire d’une telle assemblée ? Le premier effet sera sans doute une droitisation de l’action gouvernementale. La seule alliance envisageable dans cette configuration étant avec Les Républicains qui, sous une forme ou une autre, seront bien obligés d’en passer par là s’ils veulent exister et faire entendre leur voix. Un soutient du côté de la NUPES est évidemment inenvisageable compte tenu des positions radicales de celle-ci et, d’ailleurs, La France Insoumise, qui en est aujourd’hui l’épine dorsale et le véritable moteur, n’a jamais dans le passé fait montre de dispositions constructives. Il n’est bien entendu pas question d’un soutien, même circonstanciel du Rassemblement National dont les prises de positions, parfois proches de celles de LFI, demeurent fondamentalement inacceptables.

Un deuxième scénario consisterait à tabler sur un délitement plus ou moins rapide de la NUPES, rassemblement de rencontre de formations et de personnes dont les positions sont en réalité parfaitement inconciliables. Est-ce que cette alliance purement électoraliste résistera à l’hégémonie pesante d’un parti dont l’intransigeance, le dogmatisme et les choix idéologiques ne peuvent qu’inquiéter ceux qui n’ont pas encore totalement perdu le sens des réalités ? Le rejet unanime par les alliés de LFI de la proposition de J.L. Mélenchon de constituer un groupe unique à l’Assemblée est déjà un premier signe que la confiance ne règne pas. Qu’en sera-t-il lorsqu’on entrera dans le dur des votes sur les sujets qui ont été mis sous le boisseau pendant la campagne, Europe, nucléaire, relations avec la Russie, pour n’en citer que quelques-uns ?
Le résultat pour le PS qui se retrouve avec un député de moins qu’en 2017 devrait faire réfléchir les stratèges du PS qui ont vendu l’âme du parti pour une alliance douteuse et sans avenir. Une social-démocratie qui ne se serait pas sabordée d’une manière aussi peu glorieuse pour l’ombre de quelques sièges à l’Assemblée, aurait pu constituer une opposition, sans doute faible en nombre, mais crédible et peut être porteuse d’avenir. Le seul vrai grand succès dont peut se targuer J.L. Mélenchon est, en effet, d’avoir détruit le Parti Socialiste, mû par la rancœur de ne pas avoir pu s’y faire la place qu’il ambitionnait, et par la même, d’avoir compromis en France, pour des années sans doute, l’existence d’une social-démocratie moderne, capable de formuler des réponses adéquates aux défis sociaux, économiques, environnementaux et géopolitiques. Il n’est donc pas étonnant que la plupart des authentiques sociaux-démocrates se retrouvent aujourd’hui au sein de LREM.

Une dernière solution serait, pour le Président, de recourir à la dissolution de l’Assemblée dans un an, mais un tel pari est toujours hautement risqué et aurait de fortes chances de se retourner contre son auteur.

Il est de bon ton au lendemain de ce scrutin de titrer “La France ingouvernable !”. C’est un peu oublier qu’il existe à l’Assemblée un parti disposant d’une majorité, relative certes, mais bien réelle, et que la responsabilité incombe désormais aux oppositions de choisir entre une posture de blocage systématique qui rendrait effectivement le pays ingouvernable, ou bien de concourir, sous la forme de leur choix, à la mise en œuvre d’une politique tenant compte des compromis indispensables. Cela existe bien en Allemagne, mais il n’est pas évident que cette pratique soit transposable en France où les rigidités idéologiques portent trop souvent à préférer le confort d’une posture d’opposition stérile à une coopération pour le bien commun qui ne trahirait pas pour autant les idéaux de chacun.

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