La défaite de la candidate du Front national est nette, comme il fallait qu’elle le soit. Elle a certes obtenu un résultat en très forte progression par rapport au dernier scrutin présidentiel, mais, avec plus de 66% des suffrages, la victoire d’Emmanuel Macron est sans appel.
Elle est pourtant contestée par ceux qui ont appelé à voter blanc ou nul, ou à s’abstenir, au motif que le candidat d’En Marche ! n’aurait été élu que par une minorité d’électeurs et que, parmi ceux-ci, une part notable ne l’aurait pas fait par conviction profonde, mais tout simplement pour faire barrage au Front national. Cela appelle quelques observations.
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Mise à nu
Nombre de commentateurs ce matin s’interrogeaient : fallait-il y aller ? fallait-il offrir le spectacle de ce pugilat pendant lequel, deux heures trente durant, les deux candidats se sont affrontés avec une violence qu’aucun débat présidentiel n’avait connue en France jusqu’alors ? Nombreux sont ceux qui en doutaient et qui concluaient que l’on n’avait pas appris grand-chose et que la démocratie n’en sortait pas grandie.
Eh bien, il faut le dire clairement et sans ambiguïté : oui, il fallait y aller, et c’est tout à l’honneur d’Emmanuel Macron d’avoir eu le courage de faire, et, non, la démocratie n’a pas souffert de cet étalage. Bien au contraire.
« Dupont-la-Honte »
Le folklore national s’est enrichi. Nous avions Dupont-Lajoie, nous avons maintenant Dupont-la-Honte, si l’on en croit toutefois les pancartes brandies par des électeurs d’Yerres scandalisés. Après s’être tâté longuement durant la semaine, Nicolas Dupont-Aignan a annoncé son soutien à Marine le Pen. Non pas qu’il ait véritablement eu des scrupules qui l’auraient fait hésiter, car on sentait bien qu’il penchait de ce côté, mais la répugnance exprimée par une bonne partie de ses électeurs à l’idée de soutenir le Front national était certainement de nature à faire réfléchir l’élu qu’il est. Finalement, la perspective d’occuper un poste de premier ministre a dû aider à emporter la décision. Continuer la lecture
Les nouveaux somnambules I
Comme c’était à redouter, l’issue de la primaire de la gauche a consacré la victoire de la frange la plus immobiliste de la gauche française, celle des éternels vendeurs de rêves qui ont préféré le confort douillet des illusions, plutôt que de se colleter avec une réalité en général ingrate.
Manuel Valls a payé le prix de l’exercice du pouvoir et s’est retrouvé en bute au rejet indiscriminé de tous ceux ayant exercé des responsabilités et à un travail de sape systématique d’une partie de sa propre majorité dont le seul point commun vraiment fort était de l’éliminer.
Quoiqu’on puisse penser de la manière dont François Hollande a rempli, ou non, ses engagements de campagne, un sens minimum de la discipline collective aurait voulu que les ministres qui se trouvaient en désaccord avec les orientations du chef du gouvernement, et certains députés, ne se livrent pas à une guérilla incessante qui a fortement contribué à ruiner dans l’opinion l’image, non seulement du gouvernement, ce qui était leur but, mais aussi de la majorité socialiste elle-même. Cette « fronde », dont les acteurs auraient pu se souvenir que le terme renvoie à un mouvement fort réactionnaire de notre histoire, a trouvé son aboutissement dimanche en désignant le candidat qui n’a probablement aucune chance d’être élu à la présidence de la République.
Au-delà des causes de rejet qui pourraient tenir à la personne de l’ex premier ministre, (on lui a reproché d’avoir été trop « clivant », d’avoir trop souvent choisi de passer en force, mais avait-il le choix ?), la cause profonde de son éviction réside au cœur de la gauche française : la gauche française n’aime pas le pouvoir. Continuer la lecture
Second débat affligeant
Le deuxième débat entre les deux candidats à l’élection présidentielle américaine a confirmé ce que l’on avait pu constater lors du premier : Hillary Clinton a largement dominé son adversaire et Donald Trump, empêtré dans les polémiques d’une semaine calamiteuse, a fait preuve, une fois de plus, d’une agressivité confuse et a affiché une ignorance patente des affaires publiques. Alors que la presse française tente curieusement de présenter ce débat comme une espèce de match nul, la presse américaine, à l’exclusion de quelques sites ultra conservateurs, considère unanimement que Clinton a gardé son avantage. Tout comme après le premier débat, il est douteux que Donald Trump ait gagné quelques électeurs, en revanche, s’il conserve sans aucun doute un socle électoral qui lui reste acquis quoi qu’il fasse et quoi qu’il dise, il semble que ce socle tende à s’éroder. Les défections se multiplient parmi les soutiens qui lui restaient au sein du parti républicain et ses incartades vont jusqu’à semer le doute dans l’esprit de son colistier qui n’a pas dû apprécier que le candidat fasse état, devant des millions d’auditeurs, de leurs désaccords sur des questions importantes.
On ne sait si ce débat a été le pire de toute l’histoire américaine, comme l’a soutenu un commentateur, mais il a été certainement affligeant. Continuer la lecture
De l’utilité des débats
Le débat a eu lieu et s’il s’agissait de faire apparaître lequel des deux candidats présente, au moins à première vue, les qualités requises pour diriger un grand pays, la réponse a été très claire : il n’y en avait qu’un(e) seul(e) sur le plateau, Clinton.
Brouillon et confus, se maîtrisant difficilement, Trump a été pris à diverses reprises en flagrant délit de mensonge et, encore plus grave pour un homme politique, il s’est montré incapable en 90 minutes, d’articuler ne serait-ce qu’un embryon de programme. Une fois l’annonce répétée de réductions massives d’impôts pour les plus riches, et après avoir accusé le monde entier de « voler les jobs » des américains, il n’est guère sorti de son cas personnel et de ses succès d’homme d’affaires, n’hésitant pas à se féliciter d’avoir été suffisamment intelligent pour éviter de payer des impôts. En comparaison, Hilary Clinton a pu développer une vision et un programme, auxquels on n’est pas obligé d’adhérer, mais qui ont le mérite d’exister et d’avoir l’ambition de répondre de manière concrète à des enjeux réels. Et surtout, contrairement à son adversaire, elle donnait l’impression de savoir de quoi elle parlait. Continuer la lecture