Les pays européens sont aujourd’hui confrontés à une triple menace. Une agression armée qui rappelle celle qu’ils ont subie il y a 75 ans de la part de l’Allemagne nazie, (les fondements idéologiques du nazisme et ceux du poutinisme sont certes différents, mais les méthodes sont très similaires). Une menace interne sur la stabilité des régimes démocratiques de la part de partis et groupes dont l’influence et l’emprise vont croissantes dans un certain nombre de pays (lorsqu’ils ne sont pas déjà au pouvoir). Et, désormais, une menace multiforme de la part du pays allié même qui était, jusqu’à présent, considéré comme le pilier le plus solide du système de sécurité collective de l’après-guerre. Chacune des menaces réclame un traitement spécifique, aucune n’est moins dangereuse que les autres. Elles ont toutefois un point commun : le rejet des normes juridiques communément admises dans les démocraties et de la prévalence de l’État de droit. Continuer la lecture
Archives par mot-clé : Union européenne
Ukraine, un accord est-il possible ?
Dans quel état est la Russie ? Loin du rêve, et de l’objectif de restaurer à la Russie une grandeur mythique et largement fantasmée, de modifier l’architecture de sécurité européenne selon ses vues et de bouleverser l’ordre mondial, Poutine a réussi le tour de force de ruiner son économie, de réveiller et de consolider une OTAN honnie, accusée d’être responsable de tous les maux de la Russie, et d’essuyer au bout de trois ans un échec militaire de plus en plus flagrant, au prix de pertes humaines considérables, dans un pays déjà en proie à un problème démographique sérieux et qui n’a rien de conjoncturel.
Un accord sur quoi ? Si l’on s’en tient à ce que l’on croit savoir des propositions américaines, il s’agirait d’établir un cessez le feu sur la base de la ligne de front, puis d’assurer une sorte de service après-vente dont les Américains ne seraient pas partie prenante. Ceci supposerait la mise en place, sous une forme ou une autre, d’une force de maintien de la paix que les occidentaux, et Européens en premiers, seraient invités à fournir et dont les Russes, du reste, ne veulent pas entendre parler.
L’idée même de fixer une ligne de cesser le feu pose problème. Continuer la lecture
Préserver l’Europe
Préserver l’Europe, contre tous ces bons esprits qui s’acharnent depuis quelques décennies, et plus encore récemment à ne trouver que des défauts, sinon des dangers, à cette construction si originale et tant porteuse d’espoir à son origine.
Ils n’ont pas de qualificatifs assez durs pour vilipender une Europe fantasmatique, accusée tantôt de technocratisme incontrôlé, tantôt de libéralisme débridé, tantôt d’ignorer les citoyens, tantôt de les poursuivre d’un zèle aussi abusif que tatillon. Raillée par les uns pour son impotence supposée, elle est dénoncée par les autres comme un dangereux autocrate sans visage. Certes, la critique a pu parfois être facilement justifiée lorsqu’elle s’est laissée aller à des surenchères régulatrices aussi inutiles que ridicules. Mais que pèsent les errements sur le camembert au lait cru ou sur la teneur en beurre de cacao, face aux immenses réalisations de cette entreprise unique en son genre ? Et pas seulement le tour de force d’avoir réussi à exister et à prospérer pendant 70 ans (l’Union soviétique n’en a pas fait autant), pas seulement d’avoir garanti la paix sur le continent pendant tout ce temps. Continuer la lecture
Le chaudron grec
Décidément, la Grèce n’en finit pas de hanter l’inconscient européen. Depuis presque quatre ans maintenant le pays est en crise. Ou, plus exactement cela fait quatre ans que cela est devenu évident. Crise économique et financière aggravée par une crise politique où se retrouvent tous les délices et poisons de la cuisine politicienne traditionnelle grecque.
Dans cette affaire, il semble que de tous côtés on soit dans le déni de la réalité.
Lorsque la directrice générale du FMI suscite l’indignation vertueuse de la gauche française et l’ire des Grecs en les exhortant à payer leurs impôts, elle ne fait, maladroitement ou de manière provocatrice, qu’énoncer une banalité bien connue à savoir que l’Etat grec, même si des progrès ont été enregistrés ces derniers mois, a toujours été chroniquement incapable depuis sa naissance de faire rentrer les recettes fiscales qui auraient permis de construire ce pays sur des bases solides. Continuer la lecture