Amer 1er mai
Philipe Martinez a beau fulminer contre le ministre de l’Intérieur qu’il accuse d’avoir saboté la manifestation traditionnelle du premier mai, la responsabilité de l’échec de cette journée n’en incombe pas moins en grande partie aux syndicats protestataires qui ont adopté une stratégie aberrante.
Pour la première fois de mémoire de syndicaliste, un premier mai se déroule avec, il faut bien le dire, une absence quasi totale des syndicats, Continuer la lecture
Marche républicaine des libertés
Devant le déchaînement de haine et de violences de la part d’une minorité qui affiche ouvertement sa volonté de bloquer le pays, il n’est plus possible de se taire ni de rester passif. Les attaques physiques contre les élus, les journalistes, les bâtiments publics, tout comme contre des lieux symboliques de l’Etat et de la République, se sont multipliées de manière récurrente au cours des dernières semaines. Ces attaques n’ont pas été unanimement condamnées comme elles auraient dû l’être, certains espérant sans doute tirer un parti trouble d’un éventuel chaos.
Le dimanche 27 janvier, il ne s’agit pas de marcher contre qui que ce soit ni contre quoi que ce soit, mais d’abord de marcher pour manifester notre attachement à la République, aux institutions, aux valeurs qui fondent notre démocratie et qui permettent à tous de vivre un destin commun dans le respect de nos différences.
Nous avons la chance de vivre dans un pays qui compte au nombre, malheureusement restreint, des véritables démocraties dans le monde. Faisons en sorte que cela demeure. Tous ceux de quelque bord qu’ils viennent, qui adhèrent à ces principes et qui rejettent la violence, sont invités à participer à la marche qui partira dimanche 27 janvier de la place de la République à 14 h00 en direction de la Bastille.
« Gilets jaunes »
Comme il fallait s’y attendre, la montée à Paris des « gilets jaunes » s’est traduite rapidement par des violences sur les biens et les personnes. Il fallait être ou bien d’une grande naïveté, ou d’une très grande mauvaise foi, pour essayer de faire croire que tenter d’occuper sans déclaration un espace public parisien expressément interdit par les autorités, se ferait sans débordements et sans casse. L’absence d’organisation, de dialogue avec les autorités faute d’encadrement, la volonté confuse, mais affichée, de «marcher sur l’Élysée», rassemblaient tous les ingrédients pour une journée d’affrontements violents. Continuer la lecture
Retour aux sources
En traversant la cour d’honneur de l’Élysée d’un pas de légionnaire, Emmanuel Macron a symboliquement posé les marqueurs de sa présidence qui commence : distance et maîtrise. Le – très court, en fait – suspense sur la nomination de son premier ministre, auquel les médias n’étaient pas habitués, a confirmé ce choix. Le nouveau président devrait exercer sa fonction avec hauteur et dispenser une parole rare.
Le nouveau président a expressément annoncé son intention de revenir à ce qui lui paraît être l’esprit de la Vème République et de restaurer le fonctionnement de ses institutions. En cela, il se démarque de ses deux prédécesseurs qui, par excès d’agitation ou de normalité, n’avaient pas exercé leurs fonctions au niveau attendu, ainsi que de pratiques qui se sont peu à peu imposées au cours des dernières décennies durant desquelles l’immédiateté médiatique a trop souvent dicté les priorités et la forme de la réponse qui leur était apportée. Continuer la lecture
Election, choux et carottes
La défaite de la candidate du Front national est nette, comme il fallait qu’elle le soit. Elle a certes obtenu un résultat en très forte progression par rapport au dernier scrutin présidentiel, mais, avec plus de 66% des suffrages, la victoire d’Emmanuel Macron est sans appel.
Elle est pourtant contestée par ceux qui ont appelé à voter blanc ou nul, ou à s’abstenir, au motif que le candidat d’En Marche ! n’aurait été élu que par une minorité d’électeurs et que, parmi ceux-ci, une part notable ne l’aurait pas fait par conviction profonde, mais tout simplement pour faire barrage au Front national. Cela appelle quelques observations.
Mise à nu
Nombre de commentateurs ce matin s’interrogeaient : fallait-il y aller ? fallait-il offrir le spectacle de ce pugilat pendant lequel, deux heures trente durant, les deux candidats se sont affrontés avec une violence qu’aucun débat présidentiel n’avait connue en France jusqu’alors ? Nombreux sont ceux qui en doutaient et qui concluaient que l’on n’avait pas appris grand-chose et que la démocratie n’en sortait pas grandie.
Eh bien, il faut le dire clairement et sans ambiguïté : oui, il fallait y aller, et c’est tout à l’honneur d’Emmanuel Macron d’avoir eu le courage de faire, et, non, la démocratie n’a pas souffert de cet étalage. Bien au contraire.
« Dupont-la-Honte »
Le folklore national s’est enrichi. Nous avions Dupont-Lajoie, nous avons maintenant Dupont-la-Honte, si l’on en croit toutefois les pancartes brandies par des électeurs d’Yerres scandalisés. Après s’être tâté longuement durant la semaine, Nicolas Dupont-Aignan a annoncé son soutien à Marine le Pen. Non pas qu’il ait véritablement eu des scrupules qui l’auraient fait hésiter, car on sentait bien qu’il penchait de ce côté, mais la répugnance exprimée par une bonne partie de ses électeurs à l’idée de soutenir le Front national était certainement de nature à faire réfléchir l’élu qu’il est. Finalement, la perspective d’occuper un poste de premier ministre a dû aider à emporter la décision. Continuer la lecture
Voter blanc, s’abstenir, c’est voter le Pen
Soyons clairs : le 7 mai il ne s’agit pas simplement d’éviter que la candidate du Front national accède au pouvoir. Il s’agit d’infliger une défaite cuisante aux idées détestables d’un parti qui prospère depuis des années sur la peur et le mensonge. Alors gardons la tête hors du sable et votons sans ambiguïté pour Emmanuel Macron, le seul candidat qui porte, qu’on l’aime ou non, un projet fondé sur les valeurs démocratiques les plus élémentaires et qui tient compte des réalités. Voter blanc, s’abstenir, c’est voter le Pen.
On l’a déjà dit, mais il faut le répéter, le projet de la candidate est un projet classique de l’extrême droite : prospérant, comme les fascismes de tous genres de l’entre-deux-guerres, sur le chômage, l’instabilité économique et la peur de l’autre, le Front national trompe son monde en vendant un catalogue de mesures simplistes qui prétend répondre à des situations complexes. Continuer la lecture
Les leçons du 23 avril
Il faut bien commencer par-là : la candidate du Front National est qualifiée pour le second tour de l’élection présidentielle. On peut se réjouir que son score ne soit pas aussi extraordinaire qu’attendu au vu de certains sondages, on peut être soulagé de ce que le candidat arrivé en tête ne soit pas un des nombreux autres vendeurs de lune qui étaient sur la ligne de départ. Il n’empêche, sa présence et son relatif succès est le signe d’un échec grave.
L’ensemble de la classe politique française porte sans doute une responsabilité dans cette situation. Mais celle de la gauche est particulièrement lourde. La candidature destructrice du chef de la « France insoumise » en premier lieu n’y est pas pour rien. En faisant le choix d’une démarche solitaire, en désignant la social-démocratie réformiste comme l’ennemi prioritaire, il a condamné d’avance toute tentative de rassemblement des forces de gauche autour du parti socialiste. Mélenchon passera peut-être dans l’Histoire comme celui qui a fini par faire éclater le parti socialiste, mais il ne devrait pas en tirer gloire, car, pour ceux qui ont un minimum de culture historique, cela rappelle un peu trop les stratégies suicidaires des partis communistes de l’entre deux guerre qui ont préféré fermer les yeux sur la montée au pouvoir des partis totalitaires si cela pouvait anéantir les « sociaux-traîtres ». A cet égard, son refus d’appeler clairement à voter pour l’adversaire de Marine le Pen au second tour est significatif et cohérent avec sa stratégie d’avant le premier tour. Elle n’en manque pas moins de décence. Continuer la lecture
Les nouveaux somnambules I
Comme c’était à redouter, l’issue de la primaire de la gauche a consacré la victoire de la frange la plus immobiliste de la gauche française, celle des éternels vendeurs de rêves qui ont préféré le confort douillet des illusions, plutôt que de se colleter avec une réalité en général ingrate.
Manuel Valls a payé le prix de l’exercice du pouvoir et s’est retrouvé en bute au rejet indiscriminé de tous ceux ayant exercé des responsabilités et à un travail de sape systématique d’une partie de sa propre majorité dont le seul point commun vraiment fort était de l’éliminer.
Quoiqu’on puisse penser de la manière dont François Hollande a rempli, ou non, ses engagements de campagne, un sens minimum de la discipline collective aurait voulu que les ministres qui se trouvaient en désaccord avec les orientations du chef du gouvernement, et certains députés, ne se livrent pas à une guérilla incessante qui a fortement contribué à ruiner dans l’opinion l’image, non seulement du gouvernement, ce qui était leur but, mais aussi de la majorité socialiste elle-même. Cette « fronde », dont les acteurs auraient pu se souvenir que le terme renvoie à un mouvement fort réactionnaire de notre histoire, a trouvé son aboutissement dimanche en désignant le candidat qui n’a probablement aucune chance d’être élu à la présidence de la République.
Au-delà des causes de rejet qui pourraient tenir à la personne de l’ex premier ministre, (on lui a reproché d’avoir été trop « clivant », d’avoir trop souvent choisi de passer en force, mais avait-il le choix ?), la cause profonde de son éviction réside au cœur de la gauche française : la gauche française n’aime pas le pouvoir. Continuer la lecture