Pour une poignée de voix

Pompidou, avait en son temps brocardé l’opposition la comparant à ces émigrés se tenant sur l’autre rive, « n’ayant rien oublié et n’ayant rien appris », selon l’aphorisme de Talleyrand. La formule n’en finit pas de resservir, mais au lendemain de la dissolution de l’Assemblée nationale, il semble que la gauche, du moins ses dirigeants, n’ait non seulement rien appris, mais encore beaucoup oublié.

La hâte avec laquelle écologistes, communistes et socialistes se sont empressés de concocter une nouvelle alliance avec « La France Insoumise » laisse perplexe.   L’expérience  passée d’une cohabitation chaotique au sein de la NUPES devrait avoir servi de leçon.

Oublié donc qu’une alliance

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Retour aux sources

En traversant la cour d’honneur de l’Élysée d’un pas de légionnaire, Emmanuel Macron a symboliquement posé les marqueurs de sa présidence qui commence : distance et maîtrise. Le – très court, en fait – suspense sur la nomination de son premier ministre, auquel les médias n’étaient pas habitués, a confirmé ce choix. Le nouveau président devrait exercer sa fonction avec hauteur et dispenser une parole rare.
Le nouveau président a expressément annoncé son intention de revenir à ce qui lui paraît être l’esprit de la Vème République et de restaurer le fonctionnement de ses institutions. En cela, il se démarque de ses deux prédécesseurs qui, par excès d’agitation ou de normalité, n’avaient pas exercé leurs fonctions au niveau attendu, ainsi que de pratiques qui se sont peu à peu imposées au cours des dernières décennies durant desquelles l’immédiateté médiatique a trop souvent dicté les priorités et la forme de la réponse qui leur était apportée. Continuer la lecture

Election, choux et carottes

La défaite de la candidate du Front national est nette, comme il fallait qu’elle le soit. Elle a certes obtenu un résultat en très forte progression par rapport au dernier scrutin présidentiel, mais, avec plus de 66% des suffrages, la victoire d’Emmanuel Macron est sans appel.
Elle est pourtant contestée par ceux qui ont appelé à voter blanc ou nul, ou à s’abstenir, au motif que le candidat d’En Marche ! n’aurait été élu que par une minorité d’électeurs et que, parmi ceux-ci, une part notable ne l’aurait pas fait par conviction profonde, mais tout simplement pour faire barrage au Front national. Cela appelle quelques observations.

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Mise à nu

Nombre de commentateurs ce matin s’interrogeaient : fallait-il y aller ? fallait-il offrir le spectacle de ce pugilat pendant lequel, deux heures trente durant, les deux candidats se sont affrontés avec une violence qu’aucun débat présidentiel n’avait connue en France jusqu’alors ? Nombreux sont ceux qui en doutaient et qui concluaient que l’on n’avait pas appris grand-chose et que la démocratie n’en sortait pas grandie.
Eh bien, il faut le dire clairement et sans ambiguïté : oui, il fallait y aller, et c’est tout à l’honneur d’Emmanuel Macron d’avoir eu le courage de faire, et, non, la démocratie n’a pas souffert de cet étalage. Bien au contraire.

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« Dupont-la-Honte »

     Le folklore national s’est enrichi. Nous avions Dupont-Lajoie, nous avons maintenant Dupont-la-Honte, si l’on en croit toutefois les pancartes brandies par des électeurs d’Yerres scandalisés. Après s’être tâté longuement durant la semaine, Nicolas Dupont-Aignan a annoncé son soutien à Marine le Pen. Non pas qu’il ait véritablement eu des scrupules qui l’auraient fait hésiter, car on sentait bien qu’il penchait de ce côté, mais la répugnance exprimée par une bonne partie de ses électeurs à l’idée de soutenir le Front national était certainement de nature à faire réfléchir l’élu qu’il est. Finalement, la perspective d’occuper un poste de premier ministre a dû aider à emporter la décision. Continuer la lecture

Voter blanc, s’abstenir, c’est voter le Pen

     Soyons clairs : le 7 mai il ne s’agit pas simplement d’éviter que la candidate du Front national accède au pouvoir. Il s’agit d’infliger une défaite cuisante aux idées détestables d’un parti qui prospère depuis des années sur la peur et le mensonge. Alors gardons la tête hors du sable et votons sans ambiguïté pour Emmanuel Macron, le seul candidat qui porte, qu’on l’aime ou non, un projet fondé sur les valeurs démocratiques les plus élémentaires et qui tient compte des réalités. Voter blanc, s’abstenir, c’est voter le Pen.

On l’a déjà dit, mais il faut le répéter, le projet de la candidate est un projet classique de l’extrême droite : prospérant, comme les fascismes de tous genres de l’entre-deux-guerres, sur le chômage, l’instabilité économique et la peur de l’autre, le Front national trompe son monde en vendant un catalogue de mesures simplistes qui prétend répondre à des situations complexes. Continuer la lecture

Les leçons du 23 avril

     Il faut bien commencer par-là : la candidate du Front National est qualifiée pour le second tour de l’élection présidentielle. On peut se réjouir que son score ne soit pas aussi extraordinaire qu’attendu au vu de certains sondages, on peut être soulagé de ce que le candidat arrivé en tête ne soit pas un des nombreux autres vendeurs de lune qui étaient sur la ligne de départ. Il n’empêche, sa présence et son relatif succès est le signe d’un échec grave.
L’ensemble de la classe politique française porte sans doute une responsabilité dans cette situation. Mais celle de la gauche est particulièrement lourde. La candidature destructrice du chef de la « France insoumise » en premier lieu n’y est pas pour rien. En faisant le choix d’une démarche solitaire, en désignant la social-démocratie réformiste comme l’ennemi prioritaire, il a condamné d’avance toute tentative de rassemblement des forces de gauche autour du parti socialiste. Mélenchon passera peut-être dans l’Histoire comme celui qui a fini par faire éclater le parti socialiste, mais il ne devrait pas en tirer gloire, car, pour ceux qui ont un minimum de culture historique, cela rappelle un peu trop les stratégies suicidaires des partis communistes de l’entre deux guerre qui ont préféré fermer les yeux sur la montée au pouvoir des partis totalitaires si cela pouvait anéantir les « sociaux-traîtres ». A cet égard, son refus d’appeler clairement à voter pour l’adversaire de Marine le Pen au second tour est significatif et cohérent avec sa stratégie d’avant le premier tour. Elle n’en manque pas moins de décence. Continuer la lecture