Retrait d’Afghanistan

Retrait d’Afghanistan en 2012

Parmi les mesures annoncées par F. Hollande dans son programme électoral figurait le retrait des troupes françaises d’Afghanistan en 2012, deux ans avant celui des troupes américaines et un an plus tôt que ce qu’avait pour sa part annoncé N. Sarkozy. Cette décision a été confirmée auprès de ses alliés au sommet de l’Otan à Camp David le 18 mai. A l’issue de la réunion, le président affiche une satisfaction totale, affirmant que ses interlocuteurs en ont parfaitement compris les raisons et que personne n’en veut le moins du monde à la France.

Certes, dans ce genre d’enceinte l’on est entre gens courtois, mais il y a tout de même eu quelques voix pour rappeler qu’on y était allé ensemble et qu’il aurait été souhaitable qu’on en sortît ensemble.

Mais personne ne semble vraiment se poser la question de savoir qu’elle est la justification d’une telle décision.

Certes, il n’y a certainement pas une majorité de Français convaincus de l’efficacité de l’intervention occidentale dans ce pays, un très proche avenir dira précisément si la décision d’aller y affronter les talibans (ou ceux que l’on désigne commodément sous ce terme vague) était justifiée du seul point de vue des résultats, mais la participation française ne faisait pas non plus vraiment débat dans l’opinion et il est douteux que cette annonce ait généré un quelconque gain électoral pour le candidat Hollande.

Certes, cette guerre a entraîné des pertes humaines (83 soldats tués et des dizaines de blessés) toujours douloureuses et  elle a un coût financier qui, dans le contexte actuel, est très loin d’être négligeable. Il régnait d’ailleurs déjà un large consensus pour s’accorder sur le fait qu’il était hors de question que notre présence militaire s’éternise mais aucun mouvement d’opinion ne pressait d’en finir au plus vite.

Alors pourquoi cette hâte, alors que l’on sait très bien que cette promesse ne pourra même pas être vraiment tenue puisqu’il faut un certain temps pour se désengager en bon ordre ? Après 2012 les soldats français seront donc encore en Afghanistan, c’est du moins ce qu’il semble que les responsables français aient affirmé à leurs collègues, mais sans mission bien définie, ce qui peut être dangereux.

On peut comprendre l’utilité des effets d’annonce tactiques lorsque ceux-ci peuvent permettre d’espérer d’engranger des gains en politique intérieure ou extérieure, mais dans ce cas précis, était-il utile et opportun d’apporter de l’eau au moulin de ceux qui, outre Atlantique en particulier, sont prompts à mettre en doute la crédibilité et la fiabilité de l’engagement de la France auprès de ses alliés ? A force de vouloir contenter, tout le monde de manière acrobatique on risque de graves déboires. Cela n’est pas totalement honnête à l’égard des électeurs d’une part, cela irrite inutilement les alliés de l’autre, il est à espérer que l’accélération du démontage de notre dispositif ne constituera pas un facteur de risque supplémentaire pour nos troupes.(PR)

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