Au mois de septembre 1993, à Koudougou, lors des funérailles de Maurice Yaméogo, premier Président de la République de Haute-Volta, avant que le pays ne change de nom, tous les chefs d’Etat qui lui avaient succédé étaient présents. A priori, quoi d’extraordinaire à cela ? Seulement voilà, tous ces personnages, ou presque, avaient pris le pouvoir à la suite d’un coup d’Etat, chacun renvoyant son prédécesseur à une retraite précoce, ou à l’exil dans le cas de Maurice Yaméogo qui n’était revenu au pays que dans un cercueil.
Seul manquait à l’appel Thomas Sankara, disparu dans des circonstances encore obscures, lors de son renversement par le capitaine Blaise Compaoré quelques années plus tôt. Pour un observateur ordinaire de la scène africaine, le spectacle de cette brochette de comploteurs que l’ex-capitaine, désormais Président, avait magnanimement invités, figés côte à côte au bord de la fosse, entourés d’une foule qui se pressait dans une chaleur écrasante, avait quelque chose de surréaliste. D’ordinaire, en Afrique, les perdants ne sont pas de la fête. Continuer la lecture